Le collectif "Touche pas à mon panneau solaire" porte plainte contre EDF pour pratiques anticoncurrentielles
PARIS — Le collectif "Touche pas à mon panneau solaire", qui regroupe quelque 3.700 acteurs de la filière, dont de nombreuses PME, va déposer plainte contre EDF devant la Commission européenne pour pratiques anticoncurrentielles, a-t-il annoncé mardi à l'AFP.
"Le groupe EDF est au coeur de la politique énergétique de la France avec de gros conflits d'intérêts entre les filiales chargées notamment des réseaux de distribution et EDF Agence Obligation d'Achat, qui achète, au tarif fixé par les pouvoirs publics, l'électricité produite par les panneaux solaires", a souligné la porte-parole du collectif, Ariane Vennin.
Le collectif déposera sa plainte vendredi devant la Direction générale (DG) de la Concurrence de la Commission européenne, a-t-elle précisé.
La filière solaire française est frappée depuis décembre 2010 par un moratoire du gouvernement de trois mois sur tous les projets, de plus de trois kilowatts, et qui suspend l'obligation pour EDF de racheter l'énergie solaire aux conditions tarifaires actuelles.
En décembre 2010, la file d'attente des dossiers de demande de raccordement au réseau EDF avait atteint plus de 5.000 mégawatts.
Selon Ariane Vennin, "EDF EN (Energies nouvelles, NDLR) est le plus gros spéculateur avec 82% des projets de grosse puissance et 50% des projets de moyenne puissance dans la file d'attente", ce qui constitue un gros conflit d'intérêt.
Une seconde plainte sera déposée également vendredi devant la DG Environnement de la Commission européenne pour manquement de l'Etat à ses obligations en matière d'énergies renouvelables.
"En coupant les ailes du photovoltaïque, la France se met dans l'incapacité de remplir ses obligations en matière d'énergies renouvelables", selon la porte-parole. Dans le cadre du Grenelle de l'Environnement et du paquet "climat-énergie" européen, le gouvernement a promis de faire passer à 23% la part des énergies renouvelables consommées en France en 2020.
"Sur l'hydraulique, on plafonne en terme de capacité de production à 12%. L'éolien terrestre est en panne, compte tenu des contraintes réglementaires, et l'éolien en mer est une belle promesse de 3.000 mégawatts, mais c'est aussi de l'enfumage, parce qu'en 2015 on n'aura toujours rien", a constaté Ariane Vennin.
Le collectif et plusieurs organisations non-gouvernementales et syndicats appellent, par ailleurs, à manifester vendredi 11 février à Paris contre "l'arrêt de mort" de la filière photovoltaïque.
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